La cuisine sans gluten

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Les dernières découvertes en biologie démontreraient que la maladie coeliaque (intolérance avérée au gluten du blé) ne serait pas une réaction malsaine à un aliment sain mais plutôt une réaction assez saine à un aliment qui ne l’est pas, en l’occurrence, le gluten du blé.

Nous nous sommes toujours laissé dire que les céréales étaient bonnes pour notre santé et qu’elles devaient constituer la part principale de nos repas et pourtant notre corps les scanne comme des aliens. Nous avons commencé à en consommer il y a 12 000 ans à peine et rien n’y fait, elles nous acidifient et nous rendent malades . Même les vaches tombent en syncope quand on leur donne du blé (risques d’acidoses toxiques, abcès, infections du foie), et là on a affaire à un ruminant qui a développé un estomac à 4 étages pour justement essayer vaille que vaille de digérer la bouillie infernale, c’est dire. Vous donnez trop d’avoine à un cheval et c’est la cirrhose du foie garantie.

Si nous sommes en mesure de digérer le blé en herbe, c’est sa consommation sous forme de grains qui pose souci. Ceux-ci contiennent, comme la feuille de l’aloe vera , un toxique spécifique pour se protéger d’un éventuel prédateur (dont l’homme) et ce toxique, c’est le gluten. Nous sommes tous intolérants au gluten. Si Certains d’entre nous le manifestent avec des symptômes violents, tant mieux pour eux, ils arrêteront d’en manger, pour les autres, c’est plus compliqué car le travail de sape se fait en profondeur.

Quels sont les effets du gluten sur notre vitalité et notre santé ?

  • Le gluten va activer dans le cerveau des récepteurs d’opiacées, avec, comme effet pervers celui de diminuer les fonctions cérébrales. Effets à mettre en rapport avec des manifestations dures (partie émergée de l’iceberg) comme l’autisme, la schizophrénie, les troubles déficitaires de l’attention et l’hyperactivité ou des manifestations justes pas visibles (partie immergée de l’iceberg), comme un moral en berne ou une grosse fatigue. Le pain n’est-il pas finalement si réconfortant ? Un plat de pâtes ne nous fait-il pas tellement de bien au moral ?

C’est que les céréales jouent en plus un rôle essentiel dans la production et la régulation de la sérotonine, miss hormone bonne humeur. Un bout de pain, un plat de céréales et on se sent plus détendu. Ce qui peut induire chez certains une véritable addiction aux glucides, les pâtes tout particulièrement. Au vu de ces effets dits narcotiques et tranquillisants, les céréales riches en gluten devraient être répertoriées dans la catégorie des drogues, même si elles ont un avantage sur leurs consoeurs, celui de pouvoir nourrir en même temps, là ce n’est plus moi qui le dit mais de vrais biologistes : «  les céréales ont des qualités importantes qui les différencient des autres drogues. Elles sont à la fois une source alimentaire et une drogue et peuvent être stockées et transportés rapidement. Un désir, voire des envies ou des symptômes de manque de cette drogue peuvent être confondus avec de la faim. Ces caractéristiques font des céréales le facilitateur idéal de la civilisation ».* Nous ne sommes pas loin du « panem ve circences » (« du pain et des jeux ») qui ont assuré la puissance de l’Empire romain, par ailleurs dénommé « l’Empire du Blé », puisque celui-ci était un atout essentiel pour assurer l’expansion des armées, les forts militaires n’étant en fait que des greniers à blé prêts à supporter n’importe quel siège. Détail « croustillant » : les soldats romains étaient payés en rations de blé et ceux qui avaient déplu, punition suprême, se voyaient remplacer leur ration de blé par de l’orge (sans gluten).

*voir les travaux des biologistes Greg Wadley et Angus Martin : « The origins of Agriculture. A biological perspective and a new hypothesis », The Austrlian Biologist, june 1993.

  • Le gluten , tout comme les produits laitiers et le soja, contient du glutamate, ce qui est assez intéressant pour l’industrie alimentaire puisqu’il agit comme exhausteur de goût (c’est bien la présence de glutamate dans le blé qui donne à celui-ci sa saveur irrésistible ; nombreux sont par ailleurs les produits qui affichent sur leur liste obligatoire d’ingrédients, la présence de gluten). Sans doute moins intéressant pour les consommateurs puisque ce glutamate agit comme un puissant neuro-toxique des cellules nerveuses, avec des risques de dommages cérébraux irréversibles : sclérose en plaques, maladie d’Alzheimer, épilepsie, ADD et migraines.
  • Le gluten attaque la paroi intestinale et va induire cette fameuse hyperperméabilité du grêle, véritable porte ouverte aux toxines inflammatoires dans l’organisme. Des tas de maladies, comme le diabète de type 2 (23% de cas auprès des ados américains contre 9% il y a 10 ans à peine), certaines maladies cardio-vasculaires, osseuses et immunitaires dues à une hyper perméabilité du grêle devraient être imputées à une consommation excessive de céréales riches en gluten.

Faut-il s’interdire de manger du blé ?

En fait, nous pouvons nous sentir tellement mal que nous ne pouvons même plus dire quel est l’aliment qui est à l’origine de notre déprime. Depuis le Paléolithique, notre intestin n’a pas changé, nos habitudes alimentaires oui. Nos ancêtres d’alors mourraient parfois très brusquement mais toujours en bonne santé. Depuis 12 000 ans (Néolitique), les céréales ont envahi nos horizons alimentaires, asservissant littéralement l’individu, avec les agréments de l’état et de l’industrie. Les intolérances graves au gluten (maladie coeliaque) ont néanmoins dans le passé toujours été très rares. Les cas se mettent aujourd’hui à flamber.

C’est bien la preuve que la raison de cette intolérance n’est pas génétique comme le prétendraient encore certains allergologues, mais bien environnementale et que c’est bien la prolifération inouïe de cette molécule toxique et totalement indigeste dans nos nouveaux rites alimentaires qu’il faut incriminer . Mais les intérêts des uns ne coïncident pas toujours avec ceux des autres : c’est tout bonus pour l’industrie agro-alimentaire qui vit sur le commerce du blé que de chercher à développer de nouvelles semences de plus en plus riches en gluten, que ce soit pour addicter les consommateurs améliorer la saveur de leurs produits ou pour garantir un pain qui lève plus facilement et qui donc, à volume égal, tout gorgé d’air, devient de plus en plus léger. Position civiquement insoutenable.

En manger ou pas

Le blé nous défigure la forme et la santé, il s’agit d’une drogue qui nous anesthésie au point que nous ne rendons plus compte de ses effets dévastateurs. Devons-nous nous l’interdire pour autant ? Sauf en cas de maladie grave, ou cas de manifestation allergique importante (maladie coeliaque par exemple), gardons-le sous sa forme festive mais à doses homéopathiques : une pizza ou des pâtes qui disparaissent sous un amoncellement de légumes merveilleux, un bout de baguette croustillante, on s’offre encore et en toute conscience des entorses plaisir mais max une ou deux fois par semaine. Pour le reste, à chacun de faire son tri et d’évaluer le niveau d’énergie qu’il souhaite. Si on veut avoir nos curseurs bien arrimés vers le haut, alors on n’hésite pas et on remplace dès qu’on le peut le blé par des aliments que le corps reconnait et qui sont vraiment nourriciers :

  • On privilégie les céréales ancestrales puisque dénuées ou presque de gluten : le riz complet, le sarrasin, le quinoa, l’orge, l’amarante . On recherche les pâtes dites « au blé dur » ou à l’épeautre, qui contiennent moins de gluten.
  • On remplace le pain multi-céréales du matin par du pain d’épeautre cuit au levain. La Rolls, c’est un pain au petit épeautre et au levain, ils existent, j’en ai déjà rencontré.
  • On se range à un régime à tendance paléolithique et on met en avant les légumes, les oléagineux (amandes,..), les poissons et les viandes de qualité qui correspondent beaucoup mieux à nos besoins biologiques.

Et on ne se prend pas la tête trop grave non plus, gluten ou pas gluten. L’équilibre, comme le disent les Chinois (qui consomment zéro gluten, leurs pâtes sont au riz, hé hé, pas trop fous quand même !), étant bien au milieu.