HAPPY SIXTY
18 janvier 2015 7:347 janvier 1955 – 7 janvier 2015
60 ans calendrier pour votre agitatrice de molécules préférée. même pas peur, même pas mal
Je n’osais y croire et voilà que c’est là. Le cap fatidique au delà duquel, faute d’avoir encore un ticket valide, on se résigne trop souvent à trottiner à l’ombre en rêvant au bonheur délavé des années de gloire. C’est que moi, comme d’hab, ce doit être mon côté gauchère, je fais tout à l’envers. Il y a 30 ans, je me réveillais trop souvent encombrée d’humeurs instables, la peau terne, l’haleine terreuse et l’énergie en berne. Je récoltais presque tous les virus de passage, grippe, sinusite, bronchite, je mettais des paquets d’anti-cernes, souffrais du dos, mademoiselle, c’est votre sciatique, carburais au bloody mary à la cigarette et au café pour me donner l’envie quand même d’aller au charbon. Mes cellules étaient encrassées, mes eaux intérieures marécageuses, j’étais acide du bout de mes ongles cassants à la pointe de mes cheveux. Bref, j’étais déjà trouée de partout. Mes plans de vie étaient des plans de secours et je roulais en Maserati décapotable pour essayer d’oublier que ma rate était décapotée. Comme les autres je mangeais n’importe quoi, n’importe comment, détestais cuisiner, d’ailleurs c’est bien simple, mes amis, merci à ceux qui le sont restés, s’effrayaient à chaque fois que je passais côté fourneaux, passage néanmoins obligé mais aux termes duquel on ne faisait souvent que s’apitoyer/désespérer de ce qui osait parfois en sortir. Bon, claro que çà, c’était avant, avant quand j’étais vieille et cassée. 30 ans plus tard, l’envers s’est mis à l’endroit. La nuit, je dors comme un bébé, le matin, je me réveille comme une fleur, l’haleine fraîche, l’humeur pétillante et le neurone frétillant, le temps de ma petite météo intérieure, hop, j’enclenche mon eau tiède citronnée, mon Pilates, mes jus magiques, ma marche nordique en forêt, mes risottos, mes bouquets de légumes, mes tartares de poissons gras et mes hypo-cuissons de viandes immaculées, des cernes je n’en ai plus qu’après avoir crawlé 1 heure, mes yeux marqués façon hublots par mes lunettes de plongée restées trop longtemps vissées et lorsque je batifole avec mes cuit-vapeur, aujourd’hui, on accourt, même que quand je vais chez des amis, on me demande de passer d’abord faire un coucou en cuisine et pourquoi pas même, d’y rester… Depuis 3O ans, mes cellules n’en peuvent plus de rajeunir, mes eaux intérieures, jour après jour, de se régénérer, mes curseurs métaboliques de ronronner, pointés vers le haut. De temps à autre je suis prise d’un frisson de peur/compassion rien qu’en me souvenant de mes fragilités d’avant et me rassure en me disant que plus jamais je ne serai pâtée pour le chat et que jusqu’au bout de la vie je resterai dans cette énergie magnifique qu’en toute priorité j’entretiens chaque jour comme un beau jardin.
On vient de me dire que je n’étais peut-être qu’une opinion* . Avant que de l’être, je me réclame d’être d’abord un témoignage. Sans tout ceci, mes jus bio et ma forêt, je n’en serais pas là. Idem pour tous ceux qui, non seulement ont cru en moi mais on décidé, à leur tour, de faire le pas. Rendez-vous en 2025, 2035, 2045 pour un nouvel état des lieux. Mais allons-y quand même tout en lenteur, laissez-moi le temps de profiter de la vie et de tous ces moments merveilleux occupés à créer de l’amour et de la conscience en cuisine et en dehors, à fabriquer des liens qui, puisque vous êtes là à me lire, me relie déjà/aussi à vous. Pour le meilleur.
* Emission Bientôt à Table ! du 3 janvier 2015 avec Sophie Moens et Carlo di Pasquale. Pour écouter en postcast, cliquer ici
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